S’inscrivant à la suite des œuvres réalisées par le talentueux Raymond Lee en 1992, avec Tsui Hark comme producteur, et King Hu, le nouveau banquet
visuel de « l’auberge rouge 3D » coûta 35 millions de $, afin d’ajouter du relief aux personnages à deux dimensions. Adepte des contre-plongées, Tsui Hark confia l’exhibition tridimensionnelle à Chuck Comisky, responsable d’Avatar selon James Cameron.
Cependant, le second degré prévaut, dès le générique rappelant les films cantonais low tech de Wu Xia et à travers les nombreux combats tourbillonnants, voire humoristiques, dotés d’une musique décalée. Au demeurant, l’auguste Gordon Liu incarne encore Wan Yu Lou. Une excellente scène CGI consiste en la désintégration subie par une tasse de thé, introduisant Yu Hua Tian et ses étranges capacités.
Le spectateur retrouve Chen Kun, Wentai de Hua Mulan que nous résentâmes dès 2010, ici dans un double rôle : le redoutable Yu Hua Tian et son double, le niais Pu Cangzhou, hilarante composition. La trouvaille scénaristique essentielle vise l’ethnie qu’on pourrait baptiser de punk, commandée par une renarde barbare. La taïwanaise Gwei Lun Mei crève l’écran, avec ou sans 3D.
Tsui Hark débuta à la télévision et revisite toujours le Wu Xia Pian. Dès ses Histoires de cannibales en 1980 le réalisateur montre son appétence de l’anthropophagie. Le cinéaste collabora déjà avec Jet Li pour les six parties d’Il était une fois en Chine, dont il signa les trois premiers épisodes ainsi que le cinquième. Tsui Hark voulut entreprendre une carrière aux États-Unis : Double Team et Piège à Hong Kong avec Jean-Claude Van Damme.
Présentée au Festival international du cinéma de Shanghai, cette œuvre aboutie représente un film initiatique à la fois épique et ethnique. L’hospitalité chez les Kazakhs réjouira par ses nombreux chants et musiques typiques. Le film montre de multiples morceaux de bravoure, avec suspense préparé par de nombreux indices et trahisons…
Les images restituent naturellement de vastes espaces. Cependant, les intérieurs, le cas échéant dans la pénombre, mobilisent l’excellent travail sur les lumières. Les contrastes entre scènes d’intérieur et d’extérieur se révèlent bien accentués. Nous retrouvons l’appétence de Gao Feng pour les ralentis et la valorisation des chevaux.
Des fondamentaux chinois apparaissent : multiples scènes de repas, importance cruciale de l’eau, symbolisme.
Réalisateur de la virilité, Gao Feng, dont nous présentâmes déjà Mon beau pays, naquit en 1955 et réalisa La voie du loup et du blizzard en 2007, où sa doctrine s’exposait déjà.
Le Festival du film chinois en Serbie consacra son ouverture à cette œuvre ethnique, judicieusement soutenue par des chants. De nombreux musiciens collaborèrent : Wulantuoga, Se Enkebaiyaer, Sheng Quan.
Scène emblématique : lorsque dans une maison de thé traditionnelle shanghaïenne, les Mongols se disputent violemment afin de savoir s’ils restent ou retournent en Mongolie.
Mère mongole, si elle valorise l’assistance aux orphelins et abandonnés, ne pratique pas l’angélisme : des difficultés familiales existent, les vicissitudes retentissent jusque dans les prairies.
Jouant une cinquantaine de rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma, réalisant aussi Parza Teg en 2009, Ning Cai reçut le Coq d’Or. L’artiste préside le studio officiel mongol et les Films Genghis Khan.
La vedette Narenhua incarne la figure maternelle.
杜拉拉升職記 triomphe au box-office de Xu Jinglei, incita à cette nouvelle version, dont les cols blancs deviennent dorés. Il s’agit du plus important budget mobilisé par l’actrice-réalisatrice : quelque huit millions de dollars.
Le public français retrouvera le dynamique montage qui animait Du Lala et de nombreuses allusions au film de 2010, à commencer par le partenaire, Stanley Huang, Taïwanais élevé en Californie, ses moues ainsi que sa phobie de l’ascenseur, sorti le 23 décembre 2011, réussit, sans doute grâce à son ton comique, à attirer de nombreux spectateurs chinois, malgré la concurrence des tragiquement émouvantes et de la tridimensionnelle.
Conjointement à l’humour, la ville moderne s’expose symboliquement : après la Beijing de Lala, désormais Hong Kong, l’ascension sociale s’exprimant par la verticalité immobilière. Le spectateur-auditeur entendra l’utilisation du pékinois, même dans l’enclave hongkongaise, alors que l’anglais parsème les dialogues, non seulement en affaires, mais encore lors du commerce amoureux, rapprochant ainsi entreprise et amour.
La charmante comédienne Xu Jinglei arbore sa maturité dans son jeu de séduction. Au demeurant, Amy Liang sait affecter plus de dédain que son concurrent Derek Lee. Elle ne s’entoura que de protagonistes dépassant trente ans, à l’exception du chanteur-acteur 李治廷, Aarif Lee : Henri Ma, personnage de la si virtuelle blogosphère, équivaut à un clone du célèbre Han Han, dont traita 賈樟柯, Jia Zhang Ke. Le chef-opérateur 張佳, Zhang Jia, travailla pour Jia Zhang Ke, ami de Xu Jinglei : celui-ci collabora à la première pékinoise de le 18 décembre 2011.
Outre, la réalisatrice tourna précédemment 我和爸爸, s’intéressant au sort d’une famille populaire et au père emprisonné pour proxénétisme, puis 一個陌生女人的來信, adaptée de Stefan Zweig, avec Ai Wei Wei comme « consultant créatif », adaptation de Wang Shuo, film expérimental. Constitue une excellente opportunité afin d’apprécier la façon dont l’Empire du Milieu se projette actuellement.
Filmé dans la première école pour orphelins de Nanning du Guangxi, le scénario adopte un aspect documentaire, dans le contexte des 700 000 orphelins chinois. Un mois de tournage intensif s’avéra nécessaire.
Sèche tes larmes doit consoler les nombreux enfants délaissés. De multiples scènes émouvantes émaillent le récit.
Le film de Kong Lingchen, diplômé par l’Académie centrale d’art dramatique, s’intéresse plutôt aux relations familiales qu’aux cascades, même si celles-ci rythment le déroulement. L’importance accordée aux études, dans le contexte d’un sacrifice familial, s’avère récurrent au cinéma chinois Célèbre depuis la fin des années 1980, incarne ici le dévouement maternel, un personnage sans instruction, obstiné. Pour le rôle de Luo Sufang, l’actrice évangéliste reçut en novembre 2010 le prix de la meilleure actrice à la quarante-septième cérémonie des Chevaux d’or taïwanais.
Au sein de cette ode à la maman, relevons la force féminine, qui prend l’initiative, jusque dans les rapports amoureux. Lorsque l’époux dit vouloir divorcer, la question immédiate de sa conjointe porte sur le point de savoir s’il en aime une autre. Dans cette œuvre aux flashbacks enchâssés les uns dans les autres, l’excellente Lin Jing, primée à Hong Kong avec son charme, masque néanmoins celui-ci afin de conférer toute crédibilité au personnage ordinaire qu’elle interprète.
Soigneusement cinématographié, remarquable direction d’acteurs, Tujia, acteurs non professionnels, à l’exception de Zhao Yong.
Sortie tout récemment, le 29 juin 2012, cette production de Shanghai et Hangzhou bénéficie d’une musique omniprésente, Chen Chao ponctuant chaque geste. L’importance musicale évoque Alfred Hitchcock. La chambre condamnée ambitionne le film mental, au sens d’Alfred Hitchcock, à l’instar de Spellbound et sa psychologie symbolisée par les peintures de Salvador Dali, Vertigo et la morte, Psycho et le personnage d’une mère dont on ne sait si elle vit encore : le film revisite tous ces motifs inquiétants. La réussite du film réside également dans l’atmosphère d’étrangeté insufflée au sein d’un univers apparemment banal : le spectateur verra différemment son concierge. Le temps cyclique, typique en Chine, renforce l’intrigue.
Le sacrifice des ovins rythme le film, ainsi que les chants et musiques ethniques. Coproduction par le Studio central des films documentaires et d’actualités, le long métrage adopte, au sein du flashback coutumier, une cinématique neutre. Doté de superbes images, en particulier sous une splendide lumière hivernale, l’œuvre cultive le symbolisme.