L’œuvre met en scène la destinée fatale de Mei Fei, la favorite impériale Fleur de prunus.
A la cour impériale des Tang, l’eunuque GAO Lishi présente Jiang Caiping, jalousée dès son arrivée au palais, à l’empereur Xuanzong. Ravi par sa beauté et ses talents, Xuanzong la rebaptise Mei, Fleur de prunus. Mei Fei démontre ses talents pour la poésie, le chant, la danse. Des bouleversements dérangent les amours impériales. Mei Fei se refuse à manipuler l’empereur au profit de GAO Lishi. Il lui voue une haine et introduit à la cour une autre concubine, Yang Gui Fei, qui supplante Mei Fei auprès de l’empereur. La cour s’avère un lieu dangereux, où on trouve de nombreux yeux et oreilles, prompts à espionner, sans doute pour mieux médire. La rébellion d’un commandant de l’armée impériale, An Lushan, survient en 755. Celui-ci finit par prendre la capitale et capture Fleur de prunus, désespérée par son amour déçu. Mei Fei refuse de devenir la femme de l’usurpateur et se jette dans la rivière.
Le thème de l’opposition entre affaires publiques et affaires de cœur se trouve volontiers et explicitement évoqué par Mei Fei, à plusieurs reprises. Celle-ci exprime sa crainte pour l’Etat, plutôt que pour elle-même, face à l’intrusion de la famille Yang sur des postes d’officiels. Mei Fei déclare cette intrication des affaires publiques et familiales contraire au bien des Pai Xin, les « cent noms », i.e. la nation. L’Histoire condamnera les amours de l’empereur et de Yang Gui Fei. L’armée impériale imposera à Xuan Zong la mise à mort de Gui Fei.
L’immense poète BAI Juyi (772 - 846) immortalise cette passion avec le chef-d’œuvre Chang Hen Ge - Le Regret éternel.
Soulignons une performance tant cinématographique que liée au talent propre de Zhou Xuan. Cultivant volontiers la symétrie à l’instar du cinéma chinois en général, le film offre la mise en parallèle des scènes présentant les deux favorites concurrentes en train de chanter : Yang Gui Fei exécute une chorégraphie chantée devant la cour, avec une musique et d’un air enjoués, alors que Mei Fei, isolée, chante la mélancolique Mélodie de Meihua dans le jardin. Or, il faut admirer le fait que Zhou Xuan interprète en vérité les deux chansons.
Les connaisseurs reconnaîtront et apprécieront FENG Huang, la star des enfants , dans le rôle d’une soubrette, charmante et décidée, l’une des rares personnes à rester fidèle à Mei Fei jusqu’au bout. FENG Huang, Phénix , porte comme nom de personnage celui de Chun Xiang, Parfum de printemps . Chun Xiang prouve tout au long du film son dévouement, avec intelligence : elle sait réfréner les sentiments excessifs de sa maîtresse, voire s’interposer courageusement entre celle-ci et la toute-puissante Yang Gui Fei.
Les trois films de ZHANG Shichuan que le Festival programme montrent son intérêt pour le filmage d’opéra. Comme dans La Nuit profonde, le cinéaste utilise le procédé du théâtre dans le théâtre , métacinématographique pour montrer que la réception des chansons de ZHOU Xuan s’avère diverse en fonction des auditeurs.