Au « Salon de coiffure de notre temps », « Numéro 3 » est la coqueluche de ces dames mais cela ne lui suffit pas et il rêve de progression sociale. A la suite d’une annonce de demande en mariage parue dans le journal, il fait la connaissance de la jolie Mlle Fan, une héritière récemment arrivée d’Amérique, mais n’osant pas lui avouer son métier, il se fait passer pour un riche homme d’affaires, avec la complicité de son collègue et ami « Numéro 7 ».
De son côté, Mlle Fan, de connivence avec son amie, Mlle Chen, lui cache qu’elle est veuve, couverte de dettes et qu’elle a un bébé à charge. Chacun pense duper l’autre et faire un beau mariage. Mlle Fan est la première à comprendre que certes son prétendant est jeune et beau mais qu’il n’a évidemment pas la fortune annoncée. Poursuivie par les créanciers, elle rompt, la mort dans l’âme, et se rapproche d’un vieil admirateur qui s’engage à payer ses dettes à condition qu’elle devienne sa seconde épouse. L’affaire est conclue mais comment arrivera-t-elle à supporter cet affreux vieillard ?
HUANG Zuolin, dit Zuolin (1906 – 1994) avait étudié aux États-Unis et fut un grand maître du théâtre moderne (huaju) en Chine. Célèbre metteur en scène de théâtre à Shanghai pendant la guerre, après la victoire de 1945, il fut recruté par la Wenhua où il réalisa quatre films, passant de la comédie au drame avec un égal bonheur. Ensuite, sans jamais renoncer au cinéma, il se consacra principalement au théâtre.
La Dot en carton est une comédie très drôle, sans temps morts d’un bout à l’autre, avec des gags en cascade, dans laquelle la parodie n’est jamais dénuée d’éléments de critique sociale. La distribution est prestigieuse : dans le rôle de Mlle Fan, LI Lihua, déjà une grande star, face à SHI Hui, lui aussi célèbre acteur de théâtre et de cinéma, ici dans un de ses meilleurs rôles, sans parler des personnages secondaires également interprétés par des acteurs de talent, en particulier LU Shan en Mlle Chen et YE Ming que le rôle de « Numéro 7 » rendra célèbre.
Une dizaine d’années plus tard, à Hong Kong, LI Lihua interprète avec YAN Jun, un remake de ce film, 游龙戏凤 / Elle et lui, mais comme cela arrive souvent, bien que l’œuvre de cinéastes talentueux, ce film n’arrive pas au niveau du premier.
En 1962, à Shanghai, WANG Danfeng fut l’héroïne avec HAN Fei de La Coiffeuse / 女理发师, comédie très drôle célébrant le travail des femmes et se moquant de l’esprit rétrograde de certains cadres qui adhèrent difficilement à ces nouvelles idées. Dans ce film de nombreuses réminiscences montrent qu’à l’époque La Dot en carton était encore dans toutes les mémoires.