Tourné à Shanghai en 1941, les Enfants du monde est réalisé par un couple de cinéastes autrichiens hors de commun dont l’ épopée traverse l’histoire du cinéma de la première moitié du XXeme siècle.
Le couple Fleck qui débarque à Shanghai en 1940 fait partie des pionniers du Cinéma.
Louise Fleck, du nom de son second mari, est plus connue des aficionados du cinéma sous le nom de son premier mariage Louise Velot-Klume. Issu d’une famille d’origine lyonnaise installée à Vienne au début du XIXeme siècle, Louise Velot travaille avec son père, Louis Velot, qui fonda le premier théâtre de Cinéma de Vienne.
En 1910, l’année où elle donna naissance à son fils, le réalisateur Walter Kolm-Veltée, elle fonda avec son premier mari, le photographe Anton Kolm et le cameraman Jacob Julius Fleck, la première compagnie de production cinématographique autrichienne. Louise Velot-Klume-Fleck fut tour à tour scénariste (18 films), réalisatrice (50 films) et productrice (129 films). A la mort d’Anton Kolm en 1922, elle épouse Jacob Julius Fleck. Ils partent ensemble pour Berlin en 1923 où ils réalisent et produisent de nombreux films. A l’arrivée d’Hitler au pouvoir, ils retournent à Vienne, où, rapidement, il leur devient impossible de travailler. Jacob Julius est arrêté et interné au camps de concentration de Dachau et Buchenwald.
Ce n’est que par l’intervention du réalisateur allemand William Dieterlé, à qui les Fleck avaient donné sa chance à Berlin en 1926, qu’il est relâché après 16 mois d’internement. Le couple s’envole alors pour Shanghai où il réalise sur un script de Fei Mu Les enfants du Monde, au titre si bien trouvé.
La première se déroula le 4 octobre 1941 au Jindu Théâtre de Shanghai, où il fut populaire jusqu’à son retrait des écrans pendant l’occupation japonaise en décembre 41. Il raconte une histoire d’amours croisés, pleine de retenues et de sens du devoir avec pour fond le sanglant conflit de la guerre sino-japonaise.
Dans les années 1920, Monsieur Li s’opposa aux seigneurs de guerre dans l’armée révolutionnaire. Vingt ans plus tard, son fils Guo Xin, combat les troupes d’occupation japonaises. Blessé, il est soigné dans un hôpital par le filleul de son père, Shizhong et par une infirmière, Qinghua. Pour fêter son rétablissement, ils l’emmènent au bal. La jeune infirmière y rencontre sa camarade d’enfance A Lian. Celle-ci est sous la haute surveillance de son père adoptif qui la force à danser avec lui. Guo Xin la reconnaît également car c’est sa voisine d’enfance. Profitant de leur présence, elle rompt avec son tyrannique père adoptif et trouve protection auprès de Monsieur Li. L’infirmière lui enseigne la médecine, Guo Xin et Shizhong en tombent tous deux amoureux. Mais Guo Xin décide de retourner à la guerre. Cachant ses sentiments à A Lian, il la pousse dans les bras de Shizhong. Elle exprime alors son amour pour Guo Xin qui repart aussitôt au combat sans même la prévenir. Il écrit des lettres à son père qui restent sans réponse. A l’inverse, A Lian, elle ne reçoit aucune nouvelle de Guo Xin ; Désespérée, elle tombe malade. Shizhong la soigne et finit par se fiancer avec elle. A nouveau blessé, Guo Xin revient et apprend à la fois la mort de son père et les fiançailles de ses amis . Il disparaît sans un mot. Qinghua le rejoint et entraîne avec elle les fiancés. Les deux couples partiront alors ensemble pour la guerre.