14 - Hommage à HU Dié dite Butterfly Wu

La rétrospective de l’année
jeudi 18 juin 2009

Issue d’une famille de la noblesse mandchoue qui s’est complètement sinisée lorsqu’un de ses ancêtres a été envoyé en poste au sud de la Chine, HU Dié est belle, distinguée, aimable et sensible. Dans son enfance elle suit les pérégrinations de son père d’abord commerçant, puis inspecteur des chemins de fer et séjourne à Shanghai, Canton, Pékin, Tianjin puis à nouveau Shanghai. Studieuse, elle aime la littérature et possède un vrai talent de calligraphe mais comme elle parle mal le shanghaïen, elle quitte le collège plus tôt que prévu. En 1924 elle est admise à suivre l’enseignement de l’école de cinéma de la compagnie Zhonghua, où enseigne HONG Shen.

A peine diplômée, en 1926, à 18 ans, elle obtient le premier rôle dans Regret automnal produit par le studio Youlian. Engagée ensuite par la compagnie Tianyi, elle joue coup sur coup dans une vingtaine de films, avant de signer un contrat avec la Mingxing en 1928. Elle devient alors la vedette incontestée de la compagnie où pendant dix ans elle est l’actrice de prédilection de ZHANG Shichuan avec qui le tandem s’avère toujours gagnant. Après La Pagode des nuages blancs (1928) dont elle partage la popularité avec RUAN Lingyu, l’autre grande star du cinéma chinois, ZHANG Shichuan demande à HU Dié de jouer dans Feu au monastère du lotus rouge, film de cape et d’épée qui en est à son troisième épisode (en trois ans il en aura 18 ). HU Dié est douée d’une étonnante faculté d’adaptation et elle passe sans encombres des mélodrames sentimentaux aux films martiaux dans lesquels elle incarne la Dame en rouge, héroïne capable de marcher sur les toits et de se déplacer à la vitesse du vent !

Et quand ZHANG Shichuan s’intéresse au cinéma sonore, HU Die, grâce à sa connaissance parfaite du chinois mandarin, n’a aucun mal à s’adapter au nouveau média. En 1931, elle obtient le rôle de La Cantatrice Pivoine rouge (1931), écrit par HONG Shen et réalisé par ZHANG Shichuan, premier film chinois parlant, sonorisé sur disques de cire, avec la collaboration de Pathé-Shanghai. Bien que la synchronisation de ce film de trois heures soit loin d’être parfaite, le public est très impressionné d’entendre HU Dié parler et même chanter l’opéra de Pékin. Le succès est immense.

En 1932, ZHANG Shichuan revient au mélodrame sentimental avec un film muet : Amours prédestinés, adaptation d’un roman à succès dans lequel HU Dié interprète avec brio un double rôle. Elle est devenue l’actrice chinoise la plus appréciée du public qui en 1933 l’élit "Reine du cinéma" lors d’un concours organisé par un journal de Shanghai.

Au lendemain de l’occupation de la Mandchourie par les Japonais (18 / 09 / 1931), les patrons de la Mingxing sentent le besoin de développer un cinéma mieux adapté à son époque. Ils font appel aux communistes, très actifs dans la Ligue de gauche qui regroupe les écrivains patriotiques. Ceux-ci entrent alors dans les studios et c’est ainsi que HU Dié joue alors dans deux films écrits par Xia Yan : Le Torrent sauvage (1933) réalisé par CHENG Bugao, et Le Marché de la tendresse (1933) réalisé par ZHANG Shichuan.

La même année dans Sœurs jumelles, écrit et réalisé par ZHENG Zhengqiu, le public est à la fois étonné et ravi de voir HU Dié interpréter les rôles très différents de deux sœurs jumelles, séparées à la naissance et qui un beau jour se retrouvent assises à la même table, grâce à de mystérieux truquages qui émerveillent les spectateurs. Ensuite, elle joue le rôle principal dans Destins de femmes, réalisé par ZHANG Shichuan et huit autres réalisateurs de la Mingxing d’après une idée originale de Xia Yan.

Pendant la période de « l’île orpheline » (1937-41) HU Dié interprète plusieurs films pour la compagnie Xinhua à Shanghai et à Hong Kong. En particulier, en 1938, WU Yonggang lui confie le rôle principal dans Le Fard et les larmes, remake parlant de La Divine, le magnifique film muet qu’il avait réalisé quatre ans plus tôt avec RUAN Lingyu. En hommage à sa première œuvre, dont l’intrigue est fidèlement reproduite, dans la version en chinois mandarin, comme dans le version en cantonnais, WU redonne les rôles du souteneur et du petit garçon aux mêmes acteurs et comme la première fois le film est très émouvant.

Au début de la guerre du Pacifique, HU Dié est à Hong Kong mais quand les Japonais veulent l’obliger à faire un film de propagande, elle s’enfuit et gagne Chongqing, en zone libre, après un voyage de plusieurs semaines, aux multiples péripéties.

Après la guerre, HU Die retourne à Hong Kong où, elle interprète deux beaux films pour la Compagnie Dazhonghua, Rêve de printemps, ZHU Shilin (1946) et Une grande dame, HE Feiguang(1947). En 1949, elle joue dans un film de CHENG Bugao : Les Âmes nobles puis quitte la scène.

C’est seulement en 1958, après la mort de son mari, qu’elle retourne au métier d’ actrice, une fois encore pour jouer le premier rôle, dans quatre films produits par les Shaw Brothers : Sans famille, BU Wancang (1959) qui révèle la petite SIAO Fong-fong (Joséphine Siao) ; La Porte de derrière , LI Hanxiang (1960), désigné meilleur film au 7ème Festival des films d’Asie au Japon, où HU Die est également couronnée meilleure actrice ; L’enfant de la rue, YUE Feng (1960), avec le jeune David Chiang, et enfin Deux générations de femmes, BU Wancang (1960). Ensuite HU Dié joue encore dans une dizaine de films (certains en Cantonnais), le dernier en 1967.

En 1975, elle quitte Hong Kong pour s’installer auprès de son fils à Vancouver où elle s’éteint en 1989, à l’âge de 81 ans, après avoir dit : « le papillon s’envole ».

Marie Claire Kuo.


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